"On en revient pas !"

27-08-2006

20 jours 5 heures 21 minutes et 48 secondes, Bertrand DELESNE, le skipper du mini 6.50 « NAPADELIS», seul Mistral 650 engagé termine les Sables – Les Açores- Les Sables 2006 à la 25ème position au classement général des prototypes. Le briochin réalisait sa première grande course océanique et signe une belle performance pour un bateau de série classé en prototype.

Avec 5000 milles au compteur de son 650, Bertrand a bourlingué depuis début mai et bénéficie désormais d’une expérience à ne pas négliger pour son objectif numéro 1 à savoir s’aligner dans les meilleures conditions au départ de la Transat 650 La Rochelle– Salvador de Bahia en septembre 2007.

1) Comment s’est déroulée pour toi cette seconde étape des Acores aux Sables d'Olonne?

Mieux que la première étape car je n'ai eu aucune avarie, bien que je ne pouvais toujours pas recevoir de bulletins météo. Je suis parti d'Horta malade, pendant 3 jours avec une intoxication

alimentaire, je suis allé au bout de moi-même pour revenir en "mode course". Une fois guéris, je me suis retrouvé en plein cœur de l'anticyclone sans vent mais mon bateau avance comme une fusée dans les petits airs. J'ai ensuite fait du Nord pour bénéficier de vents portant et surfs jusqu'aux cotes françaises

2)Quel est ton bilan général ?

Terminer sa première course au large est une grosse expérience pour la suite du programme et mon

avenir de skipper. C’est la première fois qu’un Mistral termine, j’avais la pression ! Ca va me permettre d'optimiser l'homme et la machine car en vrai sur l’eau c’est le crash test. Et puis j’ai appris énormément sur moi-même, j'ai confiance. Je suis à l'aise, je connais mon bateau par cœur, ses moindres craquements, je vois de plus en plus clair, je gère mon sommeil et l’alimentation. Il ne faut rien lâcher en 650 car les autres ne le font pas, le plus dure est de trouver le rythme de course au début, exploiter le potentiel mais préserver son matériel et soi même.

3)Quels sont tes meilleurs souvenirs pendant la course ?

Sans aucun doute l'arrivée dans l'archipel des Acores a l'aller a naviguer au ras des côtes de Terceira avec des îles très hautes et verdoyantes entre Pico, Sao George après 8 jours de solitude, on en revient pas !. aussi au retour dans le golfe de Gascogne avec un collègue, on a navigué à vu en contact radio pour s'auto motiver et arriver plus vite, sous spi c'était des moments sympas.

4) Les moins bons ?

J'ai connu tous les malheurs possibles a l'aller car trop tardivement préparé, j'ai perdu 2 jours

car j'ai cassé mon tangon au Cap Finisterre en enfournant dans une grosse vague alors qu'il restait

900 miles

a faire sous spi, bref après c'était du convoyage jusqu'à l’arrivée.

Le petit temps c’est dur pour les nerfs mais je reste efficace comparé a d’autres.

Aussi naviguer pendant 3 jours sans voir personne sans contact ni météo n'a pas été facile, on sait jamais ce qui va nous tomber dessus, mais c’est formateur.

5)Quels sont les points que tu va travailler maintenant ?

La météo, être capable de deviner les évolutions d'un système météo sans données.

Le sommeil car je peux améliorer mes temps de récupération la nuit ou je dors trop.

Physiquement j'ai la forme, jamais de relâchements mais je vais essayer de perdre un peu de poids car je suis taillé pour faire du 60 pieds !, footing, piscine etc.

Pour le bateau je vais travailler les réglages sous pilotes automatiques car j'ai perdu beaucoup de terrain à cause de ca au retour des Acores, les départs au lof sous spi, les embardées…J'ai passé deux nuits accroché à la barre dans le mauvais temps. Je dois être capable de suivre les meilleurs qui tiennent eux dans la brise au portant sous pilote !

6)Peux-tu nous résumer en quelques mots ta saison 2006 ?

En flux tendu on peut dire car les courses auxquelles j'ai participé étaient toutes qualificatives, donc pas question d'en louper une !

Ca a failli arriver pourtant car un ami qui convoyait le bateau entre 2 courses a démâté en faisant une erreur de manipulation. Nous avons réussi en 3 jours (et nuits) a acheter un mat neuf et tout remplacer pour courir l'Open Demi Clé.

J'ai pris beaucoup de risque pour me qualifier, j'ai enchaîné les miles, en peu de temps et du coup j'ai progressé comme jamais!

Je n’ai pas trouvé de budget, pris par le temps j’ai donc fait aussi avec « des bouts de ficelles ».

Maintenant je suis archi qualifié pour

la Transat

, je veux transformer mon Mistral en bateau de

course avec un nouveau gréement, des voiles neuves, des sources d'énergies fiables pour régater!

7)Quelles sont tes ambitions?

J'aimerais rester le plus longtemps possible dans la classe mini car c'est vraiment une ambiance

exceptionnelle et sympathique, aussi c’est la vrai école du grand large.

A cour terme c'est déjà trouver un sponsor pour la saison 2007 &

la Transat

650, on se professionnalise.

Ensuite on monte un projet en prototype pour la saison 2008-2009!