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Bertrand Delesne arrive 21è à Madère

Départ de la Transat 6.50

Hier matin, les skippers sont arrivés vers 10h sur le village de course. Formalités de départ, il faut désormais rendre le téléphone à l'organisation de la course et jeter un dernier coup d'oeil aux fichiers météo. Ces derniers instants sur la terre ferme sont assez intenses car l'émotion gagne peu à peu le coeur des solitaires. Bertrand a l'expérience des départs de course et avec déjà deux transats au compteur, on pourrait croire qu'il est rodé. Mais est-il possibe d'être un jour rodé à un départ d'une transatlantique si extrême? Difficile à dire. Ce dimanche matin, Bertrand retrouve son bateau, il est souriant et semble assez serein malgré sa grande concentration. Les dernières heures au ponton semblent assez interminables. Le soleil brille et le vent annoncé pour le départ semble assez mou, ce qui convient à l'ensemble de la flotte.

Le moment fort de ce départ du ponton, après avoir largué les amarres, est le passage de l'écluse. Pour quitter le bassin des Chalutiers, les minis passent un à un dans la relativement étroite écluse autour de laquelle la foule de supporteurs applaudit sans retenue. La musique "Eye of the Tiger" résonne à fond dans le port, et une brève présentation des skippers accompagne cette sortie qui restera mémorable. Bertrand est vraiment content d'aller en mer, et son visage montre qu'il est dans sa concentration de course. Il faut dire que le moment n'est pas dépourvu de sens. Il s'agit là de l'aboutissement d'années de travail, avec cette année le non-confort d'avoir eu à se préparer sans sponsor. Quand d'autres concurrents ont des bateaux entiers de sponsors, qui acclament leurs skippers, se retrouver avec le soutien intime de ses proches est aussi certainement un peu difficile à gérer. Imaginez un match de foot où l'une des équipes à des supporters par centaines et l'autre n'a que ses amis et proches. Mais Bertrand se met dans sa course, et retrouve la zone de départ. Le ciel est bleu et le soleil brille, et le 754 se tient prêt.

Image 7

La procédure va être lancée, les bateaux suiveurs sont alors tenus à l'écart, pour ne pas perturber les 79 concurrents. Il y a des centaines d'embarcations sur le plan d'eau, un départ de Transat 6.50 qui s'annonce grandiose. Et puis entre deux passages d'hélico, on arrive à entendre à la VHF qu'il y a eu un accrochage. La procédure n'est pas encore lancée. Très vite, on comprend que Bertrand a eu un accrochage avec Jorg Riechers. Il semble qu'il y ait eu un refus de tribord de Bertrand sur l'Allemand, mais on ignore encore tout des circonstance de l'incident. Et il nous faudra attendre la fin de la première étape et les explications de Bertrand pour comprendre ce qu'il s'est réellement passé. Les conditions n'étaient pas particulièrement ventées et donc les manoeuvres peu périlleuses. Malgré un trou dans la coque de l'Allemand au niveau du bordé, près des haubans, les deux protos ont pu prendre le départ de la course. L'incident ayant eu lieu avant le début de la procédure de départ, difficile de prévoir de possibles sanctions et à ce moment là, le comité de course demandaient par VHF aux deux skippers de se concentrer sur leur course. Cet accrochage a dû être source de tension pour Bertrand qui a franchit la ligne de départ vers le milieu et donc dans le dévent d'autres concurrents. Le départ était donné à 17h17 mais les concurrents n'ont coupé la ligne qu'à 17h18, consacrant cette première minute de course à leur ami Jean-Marc Allaire qui aurait dû être là, lui aussi.

Sur zone, le vent s'est établit à 5 noeuds, et permet un départ plutôt rassurant pour les solitaires contents de ne pas s'élancer dans la baston. Les protos s'échappent assez vite. Sébastien Rogues, Sébatien Picault, Antoine Riou, Aymeric Chappellier et Thomas Normand sont devant à la bouée de dégagement, Bertrand passe dans le premier tier de la flotte. Bord sous gennack ou sous spi, visiblement tout le monde utilise une voile différente, pour tenter de gagner en vitesse vers la dernière bouée du parcours de départ, près de Fort Boyard. Bertrand revient peu à peu, et les écarts se creusent déjà bien. Les 79 concurrents enroulent cette bouée et il faudra compter 30 minutes entre le passage du premier et celui du dernier, ce qui est déjà beaucoup. Les bateaux de fans repartent peu à peu vers La Rochelle et les solitaires se retrouvent enfin seuls. Il est 19h et le ciel est doré par le soleil qui a commencé sa descente sur l'horizon. Et les minis eux, descendent au près vers le Cap Finistère.

La première étape se fera dans du petit temps. Avec 10 noeuds de vent max pendant les trois premiers jours, le Golfe de Gascogne sera assez pénible pour les nerfs. Les premiers qui arriveront à toucher le flux d'Ouest pourront accelérer pour les derniers jours de mer vers Madère. Cette première étape sera longue et stratégique, souhaitons à Bertrand qu'elle lui réussisse afin qu'il prenne confiance.

Au pointage de 6h (hFr), ce matin 26/09, Bertrand était 13è à 2,12 milles du leader Lucas Montagne. Les écarts serrés ne peuvent encore rien révéler.

A très bientôt pour d'autres nouvelles,

L'équipe Zone Large

 

 

Commentaires

GrensPedro

Bertrand on a tout suivi heure par heure au rythme des checkpoints, on est de tout coeur avec toi, on imagine que tu es fatigué, et que la route était longue... Prends le temps de te reposer et de te vider la tête, on continue à te suivre de près et on imagine à chaque mise à jour des positions et de la météo toutes les stratégies possibles en fonction du vent, nous aussi on serait bien passé par l'ouest...
Vivement la transat pour qu'on recommence à rêver des meilleures stratégies bien confortablement dans notre salon!!!
Grosses bises, on pense fort à toi.
Caro, Pierrot et Ali

Christian

Ca me fait vraiment de la peine de voir que Béber n'a pas tiré les marrons de son option W ... et il n'est pas le seul semble-t-il ! Allez, on espère une fin de première étape rapide et un reset pour la deuxième. Courage courage ! Christian

mariecakes

Je crois qu'y avait pas assez d'oignons dans le cake au départ....
Cette course, on la vit à fond à tes côtés et on sera là pour la 2ème étape. Te laisse pas impressioner et ose comme tu l'as fait lors de cette première étape; bon d'accord ça a un peu "pétolé" mais les conditions météo ne seront pas les mêmes dans la 2ème étape alors tout est permis, Vas-y Bertrand

Cmarine

A lire sur le site d'Antoine Rioux, bravo Hervé pour tes articles quotidiens:
http://www.antoinerioux.com/?p=389

Allez Bertrand, encore qqs heures avant de toucher terre, enfin! ça me rappelle la course Les Sables-Les Açores en 2008, une course galère pour pas mal de skippers, certains avaient même dit qu'on ne les reprendrait plus au jeu mais ils font encore partie de la flotte, comme quoi... Donc maintenant ça se passe sur la deuxième étape, et quand on n'a rien à perdre au classement général c'est l'occasion de tenter des coups gagnants, et surtout de prendre du plaisir sur son petit bolide, ça fait aussi partie des objectifs.
On est tous avec toi!

djieu

Et bien ça passait à l'est, et même sur une route centrée. Mais à l'ouest, c'était cata... Il semble que Bertrand et ses acolytes soient au près serré pour se rapprocher de Madère, alors que les autres sont au débridé, alors forcément, la vitesse n'est pas la même. Tout le monde sait qu'en ouvrant de quelques centimètre les voiles avec un peu plus d'angle au vent, le speedo s'affole, avec le retour des sensations de vitesse et le plaisir pur de faire avancer le bateau. Oui, mais il faut pouvoir le faire en gardant un cap rapprochant...
Ce qui est rassurant, c'est que le 754 n'est pas le seul dans cette configuration difficile, et reste accompagné par quelques pointures de la classe. L'option ouest pouvait donc être tout à fait cohérente et jouable, mais je soupçonne Neptune et Eole de s'être arrangés pour jouer un bonne grosse mauvaise blaque à ces marins audacieux (avec d'ailleurs sans doute la bénédiction de Zeus...).
Mais attention, ce n'est que la première étape, qui n'est d'ailleurs pas finie. Chaque mille repris comptera pour la suite, et on peut compter sur Bertrand pour se battre jusqu'à la ligne.
Tout le monde t'encourage Bertrand ! ! !

djieu

Et bien la fameuse dépression risque de se faire repousser vers l'ouest par une dorsale descendant, par le Portugal, de l'anticyclone qui nous inonde de soleil encore ces jours-ci.
Et cette dorsale devrait orienter le vent de plus en plus vers.... la gauche, pour passer carrément est demain..., puis revenir sud-sud-est sur Madère mardi...
Cela va mollir cependant, plutôt sur l'est de la zone des protos de tête demain soir (Hé, hé, hé...), mais plutôt sur l'ouest de la zone mardi matin (aïe, aïe, aïe...).
Alors, faites vos jeux...

djieu

Cette fois-ci, Madère se rapproche quand même, et un peu mieux pour deux ou trois bateaux... Pas facilement, toutefois. Du près dans une mer formée, après les difficultés de la première partie du parcours : pas de quoi se reposer, et la fin risque d'être éprouvante, pour les marins et pour les bateaux. La lucidité et la résistance vont être indispensable jusqu'au bout...
Et puis, que réserve la météo dans son sac à surprise??? Il y a eu tant de mistoufles depuis le départ, que l'on peut imaginer de nouvelles surprises... Le vent de sud-est va-t-il souffler sur toutte la zone d'approche de Madère? Dans ce cas, les bateaux positionnés à l'est de la flotte seront forcément avantagés.
Mais que réserve le centre de la dépression??? Ne va-t-il pas se décaler vers l'est, avec ses calmes centraux, et ses vents portants à l'ouest??? Hé, hé, hé...
Le pire serait qu'il se déplace vers le nord-ouest, générant un renforcement du vent debout pour la flotte oocidentale, et une grosse adonnante pour la flotte orientale... Aïe, aïe, aïe...
Mais j'ai appris à une certaine époque que le vent tourne toujours vers la droite... Espérons que cela est valable ailleurs que dans la baie de Quiberon...
Quoi qu'il en soit, le 754 semble toujours marcher à sa vitesse normale, alors vas'y Bertrand, l'arrivée approche...

djieu

C'est un peu dur de voir ce qui se passe depuis hier soir au large du Portugal. A la roulette russe, l'option ouest n'a pas été payante. Et pourtant, le front froid annoncé depuis des jours aurait pu apporter du vent d'ouest, voir nord-ouest, propulsant possiblement le trio de cette options vers la tête...
Oui, mais la situation est tellement variable et évolutive, les prévisions tellement aléatoires... A ce petit jeu, Bertrand semble être tombé dans une grosse pétole la nuit dernière, et là, ça a fait mal... D'autant plus que le ciel lui serait tombé sur la tête sous la forme d'un énorme orage...
Bon, maintenant, les cartes annoncent du sud-est bien établi : pas de quoi faire de gros écarts sur la route directe, sauf si on anticipe judicieusement en se recalant à bloc dans l'est...
Par contre, avec ce flux de sud-est soutenu (menace de grand frais), il va falloir tenir, pour les marins et pour les bateaux. Rude épreuve d'endurance à venir, et gare aux surprises...
Continue Bertrand, Madère est encore loin !

Cmarine

Matinée difficile pour notre marin, scotché dans une bulle à l'Ouest. Nico comme compagnon de galère. C'est remonté à l'Est, les perdants d'il y a 2 jours ont rejoint le peloton, certains bateaux se sont repositionnés dans la nuit. Que dire sinon attendre le prochain pointage dans 6h en espérant que ça aura redémarré pour Bertrand.
C'est dur pour les nerfs quand on est à terre, alors en mer?

YaYa

Vas-y Bertrand! Tu vas tous les avaler! On sais que tu est le meilleur de cette course. Go! Go! Go!:-) :-) :-)

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